Camille Bias

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Camille Bias
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Joséphine Désirée LegrandVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Prononciation
Œuvres principales
  • Les Faux Monnayeurs
  • L'Écrivain public
  • La Fille Mélie
signature de Camille Bias
Signature

Camille Bias[1],[2] est le pseudonyme de Désirée Joséphine Legrand, née le à Guise et décédée en à Paris. Elle est une écrivaine prolifique de romans et de nouvelles de littérature populaire. Son œuvre littéraire reprend peu son engagement dans la commune.

Biographie[modifier | modifier le code]

L’autrice prend comme pseudonyme, le nom d’une amie Camille Bias-Dupond[1],[3].

Camille Bias épouse un pharmacien, Clovis Martin, dont l'officine était 102, rue du faubourg Saint-Denis[4],[5].

En 1846, son fils Ferdinand Joseph Albert Martin, dit Bias nait dans sa ville de naissance Guise où elle conserve de la famille[6]. Et le 31 juillet 1851 nait sa fille Marie Joséphine Martin, à Saint Quentin (Aisne).

En 1878, sa notoriété est telle que ses déboires de santé sont relatés dans la presse [7].

En 1879, elle perd sa mère, habitant chez elle [8], boulevard voltaire à Paris.

Des appels à la générosité pour venir en aide à Camille Bias, devenue très pauvre, paraissent dans la presse après 1898[9].

En , Le Figaro annonce que la romancière Camille Bias « vient d'avoir le chagrin de perdre son fils, âgé de cinquante et un ans »[10]. En , le même journal indique que Camille Bias a désormais à sa charge « sa fille malade et quatre petits-enfants »[11].

Communarde et romancière[modifier | modifier le code]

Son premier roman, Dire et Faire, paraît en 1854, suivi en 1859 par des poèmes et nouvelles. En 1860, affiliée aux blanquistes[12],[13], Camille Bias héberge clandestinement Auguste Blanqui chez elle, au 102, faubourg Saint-Denis[14],[15]. Une des sept presses clandestines de Paris, destinée à imprimer La Lanterne, se trouve chez elle[14],[16]. L'année suivante, lorsque Blanqui est emprisonné à la prison Sainte-Pélagie, elle lui rend visite grâce au concours d'Auguste Scheurer-Kestner, qui lui donne le permis de visite de quelqu'un d'autre[14],[17].

En 1871, Camille Bias, qui est aussi une journaliste communarde, écrit dans Le Vengeur[1],[18]. Elle est l'amie de Louise Michel et s'occupe de ses relations avec son éditeur[19]. En 1882, elle héberge la communarde Marie Ferré, qui meurt chez elle, au 27, rue Condorcet[20],[21].

Après une interruption d'une vingtaine d'années, elle publie à partir de 1879 de nouveaux romans, pour la majeure partie en feuilletons[22], qui ne reflètent que peu ses opinions politiques.

Nécrologie … Nous apprenons avec regret la mort de Mme Camille Bias, décédée dans sa quatre-vingt-sixième année. Mme Camille Bias, comme on le sait était une femme de lettres d'une féconfité rare. Parmi les romancières de la fin du siècle dernier, elle s’acquit une très digne réputation, et les lecteurs du Radical ont certainement encore présent à la mémoire le souvenir des feuilletons qu'elle y publia et avec lesquels elle les intéressa toujours. Les obsèques de Mme Camille Bias auront lieu aujourd'hui.
Nécrologie dans Le Radical du .

Les dernières années de son existence, Camille Bias demande des subsides de la mairie de Paris[23]. Plusieurs quêtes et spectacles sont organisés pour subvenir à ses besoins[24],[10],[11],[25].

En , quelques journaux annoncent sa mort et la présentent comme la doyenne des écrivaines au tournant du XXe siècle[26].

Sur la véritable Camille Bias[modifier | modifier le code]

Deux fiches et un acte de l'état civil reconstitué de Paris confirment cette naissance, au nom de « Bias, Camille Jenny, ci-devant Dupond » et « Dupond, Camille Jenny, ci-devant Bias »[27],[28]. Anne Françoise Bias, connue comme danseuse sous le nom de Fanny Bias, meurt en 1825, très peu de temps après avoir reconnu sa fille et un fils aîné[29]. Pierre-Auguste Dupond, ténor sous le pseudonyme d'Alexis Dupont et marié en 1827 avec la sœur de la danseuse Lise Noblet, s'éteint en 1874[30],[31].

Devenue « artiste » à Saint-Quentin, Camille Jenny Dupond donne naissance en 1848 à un enfant naturel, nommé Louis Alexis Dupont [sic][32]. Ce dernier est légitimé par le mariage, en 1850, de sa mère avec Hippolite Quentin Duplaquet, contremaître en filature[33]. Deux ans plus tard, le couple a une fille, prénommée Marie Mathilde[34].

Camille Jenny Dupond meurt, toujours mariée[Note 1], en , à Paris 82, rue de Sèvres[36]. Elle est inhumée le lendemain au cimetière parisien de Bagneux, puis sa dépouille transférée peu après à Saint-Denis[37].

Louis Alexis Duplaquet décède en 1898[38].

Il est à noter que Marie Mathilde Duplaquet est morte en 1891 à Saint-Denis[39].

Œuvres[modifier | modifier le code]

Elle a publié plus de 50 romans et 100 nouvelles (recensement incomplet sur wikisource, avec les titres des journaux dans lesquels ils ont été publiés). Un nombre plus restreint de ses œuvres a été publié en volume.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. L'acte de décès de Camille Dupont indique qu'elle est veuve, mais en réalité Hippolite Quentin Duplaquet meurt l'année suivante, à Saint-Quentin[35].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c « Bias Camille », sur Le Maitron, (consulté le ).
  2. Catalogue BNF, notice de personne [1]
  3. Selon une note parue dans le tome XV de la Correspondance de George Sand, Camille Jenny Bias, « fille naturelle reconnue de Pierre-Auguste Dupond, chanteur de la Chambre du Roi, et de Anne-Française  [sic], Bias, artiste de l'Opéra, est née le 25 avril 1824 à Paris, 2e arr[ondissement] ancien ». Vestris le fils signa l'acte de déclaration.
  4. George Sand, « Index des correspondants », dans Correspondance, Classiques Garnier, coll. « Bibliothèque du XIXe siècle », (ISBN 978-2-406-08473-0, lire en ligne), p. 873–911
  5. Louis Andrieux, Souvenirs d'un préfet de police. Volume 1, chapitre 31, Les agents provocateurs. – Le service politique. … Ce fut encore Thavenet qui organisa, dans la boutique d'un nommé Martin, pharmacien, faubourg Saint-Denis, 102, le complot des vingt-cinq mille adresses. La femme de ce pharmacien publiait dans les journaux des romans-feuilletons sous le pseudonyme de Camille Bias. Parmi les conspirateurs figurait Blanqui, qui se faisait appeler le comte d'Hermonville. Le complot fut nommé « des vingt-cinq mille adresses », parce que le plan était d'imprimer clandestinement des proclamations et que les enveloppes avaient été préparées d'après l'almanach Bottin. Sous mon administration, je répudiai absolument ce système de provocation. …
  6. Acte de naissance p119/653 de Ferdinand Joseph Albert Martin [2]
  7. Le Gaulois : littéraire et politique, 23 février 1878 [3] Camille Bias, que connaissent tous les lecteurs de romans, a été victime hier d'un accident assez grave. Obligée de garder la chambre depuis quelques jours pour une grippe, un superbe chat qu'elle affectionne lui a mordu la main de telle sorte, qu'on ne pouvait plus faire lâcher prise à l'animal, rendu furieux par les efforts qu'on faisait pour le détacher. Ce n'est qu'après une lutte de plusieurs minutes qu'on est parvenu à jeter la bête furieuse dans une pièce voisine. Il y a huit morsures, dont trois profondes ; un premier pansement a été fait à l'alcali.
  8. L’Univers, 1er avril 1879, [4] : M. Camille Bias adresse à la Lanterne dont il est le rédacteur, la lettre suivante : « Monsieur le directeur, « Quelques personnes, à l'occasion de l'enterrement de ma mère, morte chez moi, se sont étonnées que ses obsèques n'aient pas été purement civiles. « La raison en est bien simple : estimant que la libre pensée doit respecter la liberté de conscience, j'ai dû obéir aux dernières volontés de ma mère. Veuillez agréer, « Camille Bias. »
  9. Le Figaro, 8 avril 1899 [5]« On ne connaît plus guère aujourd'hui le nom de Camille Bias. C'est pourtant celui d'une femme de lettres qui eut son ère de popularité méritée, et tint effectivement à Paris, pendant plus de quarante ans, le sceptre du feuilleton. Douée d'un véritable talent et d'une imagination prodigieusement féconde, Mme Camille Bias a signé, par douzaines, de remarquables romans, dont plusieurs eurent à leur époque un succès classant leur auteur à côté des maîtres du genre. Citons, par exemple, au hasard de la plume Les Faux Monnayeurs, L'Écrivain public, La Fille Mélie, Les Derniers Fils de Brahma, etc. Hélas tout passe, tout lasse, tout casse. Aujourd'hui, Camille Bias à soixante-quatorze ans sa vue a baissé, un grave accident l'a rendue quasiment impotente. Elle a d'écrasantes charges de famille, auxquelles elle ne suffit plus à faire face, en dépit d'une abnégation, d'un dévouement et d'un courage confinant à l'héroïsme. Parmi les innombrables lecteurs qu'émurent autrefois les pages tour à tour dramatiques et tendres écrites par Mme Camille Bias, ne se trouvera-t-il pas quelques cœurs généreux pour venir en aide à cette navrante, détresse ? »
  10. a et b Le Figaro,  : « Informations. Décès. Un nouveau malheur vient d'attrister la vieillesse, déjà si douloureusement éprouvée, de Mme Camille Bias. La malheureuse femme, qui semble vouée à tous les désespoirs, vient d'avoir le chagrin de perdre son fils, âgé de cinquante et un ans. Nous adressons à Mme Bias, en cette cruelle circonstance, nos plus sincères condoléances. »[6]
  11. a et b Le Figaro, 23 octobre 1899[7]« Nouvelles diverses — Il est des infortunés sur lesquels semble s'acharner le sort. C'est le cas de Mme Camille Bias, cette femme de cœur doublée d'un écrivain fécond, pour laquelle nous avons déjà eu l'occasion de faire appel à la charité de nos lecteurs. Au moment où, grâce à cette charité, qu'on n'invoque jamais en vain, la malheureuse était à la veille de sortir d'embarras, la mort lui ravissait son fils, laissant à sa charge sa fille malade et quatre petits enfants. Et Camille Bias, qui a plus de soixante-dix ans et souffre d'infirmités multiples dues à la vieillesse, aux privations, au surmenage et au chagrin, peut à peine suffire encore au labeur quotidien. Sa fille n'a, paraît-il, chance de se rétablir qu'à la condition d'aller vivre sous un ciel plus clément. Des amis dévoués lui ont déniché, quelque part dans le Midi, un maigre emploi. Mais pour aller là-bas, pour payer les frais de voyage et d'installation, pour liquider une situation douloureuse, il manque à cette famille si cruellement éprouvée quelques centaines de francs. Il nous suffira sans doute d'indiquer à nos lecteurs qu'il y a là une œuvre généreuse à opérer, toute une nichée de braves gens — une grand'mère septuagénaire, épuisée par un travail effroyable, une jeune femme malade, quatre petits babies blêmes — à sauver de la détresse. »
  12. Elle a caché Auguste Blanqui recherché par la police : cf. la Présentation de Légendes et chansons de gestes canaques (1875): suivi de, Légendes et chants de Louise Michel, par Xavière Gauthier et Daniel Armogathe.
  13. Elle est décrite comme "ardente blanquiste" par Olivier Martin, Le Roman populaire et la commune [8]
  14. a b et c « BIAS Camille - Maitron », sur maitron.fr, (consulté le )
  15. Aurélien Scholl, La farce politique, Victor-Havard, (lire en ligne)
  16. M. Cordillot, « ANNOY François, Antoine, Joseph (père) - Maitron », sur maitron.fr, (consulté le )
  17. Maurice Dommanget, « La vie de Blanqui sous le Second Empire. De la sortie de Belle-île à la sortie de Sainte-Pelagie (1er décembre 1857-12 mars 1864) », Le Mouvement social, no 40,‎ , p. 82 (ISSN 0027-2671, DOI 10.2307/3777532, lire en ligne, consulté le )
  18. Elle a écrit dans les journaux de la commune comme Le Combat [9] suivi par Le Vengeur [10].
  19. Louise Michel, Légendes et chansons de gestes canaques (1875) : suivi de, Légendes et chants de gestes canaques (1885) ; et de Civilisation, Presses Universitaires Lyon, , 238 p. (ISBN 978-2-7297-0777-4, lire en ligne)
  20. Le Petit Stéphanois, février 1882 [11]« Hier matin, à neuf heures, ont eu lieu les obsèques de Mlle Marie Ferré, sœur de Théophile Ferré, membre de la commune, décédée chez Mme Camille Bias, 27, rue Condorcet. »
  21. « FERRÉ Marie - Maitron », sur maitron.fr (consulté le )
  22. Louis Andrieux, Souvenirs d'un préfet de police par L. Andrieux, J. Rouff et cie, (lire en ligne)
  23. Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris, 3 décembre 1899 [12]
  24. « Échos », sur RetroNews - Le site de presse de la BnF, Le Siècle, (consulté le ), p. 3
  25. Le Figaro, 2 février 1901 : Matinée donnée au profit de Camille Bias, qui joue une saynète Élève et Professeur avec Florence Gromier [13]
  26. Ferrari, « Deuil », sur RetroNews - Le site de presse de la BnF, Le Figaro, (consulté le ), p. 2
  27. Fiches de l'état civil reconstitué, Bias (Camille Jenny) et Dupond (Camille Jenny, reconnaissance), , Paris 2e (ancien), Archives de Paris
  28. Acte de naissance du , Paris 2e (ancien), avec mention de reconnaissance, reconstitué le , Archives de Paris [lire en ligne] (vues 5-7/51).
  29. Acte de naissance du , Paris 2e (ancien), avec mention de reconnaissance, reconstitué le , Archives de Paris [lire en ligne] (vues 48-50/51)
  30. « Opera Chanteurs », sur www.artlyriquefr.fr (consulté le )
  31. Acte de décès no 931, , Paris 17e, Archives de Paris
  32. Acte de naissance no 771, , Saint-Quentin, Archives de l'Aisne (avec mention marginale de légitimation) [lire en ligne] (vue 199/129)
  33. Acte de mariage no 123, , Saint-Quentin, Archives de l'Aisne [lire en ligne] (vues 121-122/359)
  34. Acte de naissance no 67, , Saint-Quentin, Archives de l'Aisne [lire en ligne] (vue 19/423)
  35. Acte de décès no 528, , Saint-Quentin, Archives de l'Aisne [lire en ligne] (vue 225/525)
  36. Acte de décès no 1486, , Paris 7e, Archives de Paris
  37. Registre journalier d'inhumation, , cimetière parisien de Bagneux, Archives de Paris
  38. Acte de décès no 4497, , Paris 14e, Archives de Paris
  39. Acte de décès no 1051, , Saint-Denis, Archives départementales de la Seine-Saint-Denis

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